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12 mars 2005

The Game

Après ce verre pris dans la soirée du côté du Marché Saint Germain je prend le mètro à Odéon laissant les autres au Birdland Café entre la lumière de la rue et celle émanant d'un écran de télé.

Dans le métro rentre à ma suite un groupe d'étudiant hurlant des chansons paillardes comme je n'en avais pas entendu ailleurs qu'à l'école. Dans mon casque la voix de Freddie Mercury sur la partition d'Imagine tranche violemment et se mélange en un brouhaha étrangement harmonieux aux crissements des rails, aux tremblements de la rame et aux chants que gueulent nos amis à l'unisson.

Je ne pense pas être très nostalgique, on a trop tendance à accorder au passer une beauté qu'il n'a jamais eu. Nos souvenirs ne font que nous tromper, nous leurrant d'un feu pale qui amoindri l'instant en nous faisant regretter un avant bien moins certain que le présent. Bref.

Dans mes oreilles :" Open up your mind..."

La tête d'un des étudiants, blond, me rappelle malgrè tout le visage de Sébastien et ... nos longue discutions sur ce que Queen serait aujourd'hui si Freddie n'était pas mort. A l'époque j'avais entre 16 et 18 ans, j'étais amoureux de Sébastien et je connaissais toutes les chansons de Queen absolument par coeur. Un de nos grands débats concernait les tournées du groupe, ce qu'elles auraient été etc. On prenait aussi des photos avec son reflex dans ma chambre plongée dans le noir, nous servant de l'échelle de mon lit mezzanine entouré de papier alu comme d'un reflecteur...

"and let me step inside..."

Mes parents étaient en vacances et nous vivions tous les deux selon le rythme du bon sauvage, nous levant dans l'après midi, nous couchant aprés l'aube, le soleil frappait dur sur Toulouse. Je me détestais, je manquais totalement de simplicité et de confiance en moi et Sebastien me prenait quand même en photo, mon visage en noir et blanc dans le noir de la chambre.

"...rest your weary head...."

La musique se cogne aux rames du métro, les stations passent, les autres gueulent. La mort de Freddie Mercury reste un des grands drame de ma vie, je me souviens d'après midi passées à pleurer devant des documentaires sur le groupe, cette mort comme tant d'autres me semblait totalement injuste et hors de propos. Sebastien comprenait bien ça, mais il préférait les maths et puis bien sur, ensuite, la philo, pink floyds, genesis et ensuite, les drogues.

"...and let your heart decide"

Ca fait longtemps que mon stylo ne suis plus le fil de ma pensée, je nage très loin de la station Cité, je note que les filles en face de moi sont transies de fascinations devant les autres qui hurlent "Troulalala Troulalala" dans un canon dont la précision laisse à penser que l'entrainement n'est pas rare. Cependant, s'il leur arrive de croiser le regard d'un des garçons de la troupe elles se dépéchent de se retourner en pouffant, rougissantes et génées.

"...It's so easy, when you know the rules..."

Rencontrer Sébastien, en stage de ski il y a très longtemps, a totalement défini ma vie pendant longtemps, jusqu'au moment où ayant franchis le pas de l'acceptation de moi même je me suis enfin trouvé assez fort pour considérer qu'il était possible que je gére moi même ma vie. Me rendre compte que j'étais amoureux de lui a été un bouleversement, on s'en doute.

"...It s so easy, all you have to do is fall in love..."

Bien sur si Sebastien ne m'avait pas encouragé je ne sais pas ce que j'aurai fait. A la fin de la terminale alors que ma vie commençait à changer je me souviens bien avoir beaucoup pensé à tout ce que je lui devais et en avoir aussi conclus que sans moi je ne serai arrivé à rien non plus. Le prof de philo et la psy ont sans nul doute aidé aussi il faut l'avouer, mais voilà, ce ne sont que des souvenirs et je n'ai plus de traces de la ferveur qui m' abitait alors. Je me souviens seulement avec certitude d'un échange que nous avons eu, c'était la fin de l'aprés midi, il faisait chaud et comme d' habitude je guettais l'occasion d'exprimer à Sebastien mes sentiments pour lui. C'était toujours compliqué. Nous parlions donc de notre amitié, de nos amis et des relations parfois complexes que nous entretenions avec eux. Comme je lui expliquais à quel point j'étais heureux que nous ayons tous deux choisis l'autre comme ami, il s'est retourné vers moi et m'a regardé en fronçant les sourcils en me disant : " Non, nous deux c'est different parcequ'on ne s'est pas choisi, Luc, toi et moi c'est juste parceque c'est toi et parceque c'est moi."

Dans le métro, station Etienne Marcel le groupe sort en courant et en hurlant, suivi de près par les filles qui si elles ne savent pas trop ce qu'elles veulent ont tout de même envie de participer à la fête.

Dernier du groupe, un garçon blond se retourne vers moi et me lance un sourire en partant.

Everybody play The Game.

120305gm00006

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Commentaires
P
Merci pour ce beau témoignage de tes souvenirs.
L
Très touchant. Vraiment.
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